LES MARIAGES
Les mariages n’ont guère évolué à Figuig, ils sont toujours pratiqués de façon archaïque et ancestrale, les familles s’imbriquent les unes aux autres, et consolident leur liens par des mariages arrangés, des mariages de raison.
Les mariages de raison sont privilégiés par les Figuiguiens au dépend des mariages sentimentaux, synonyme de problèmes, et de l’éclatement de la cellule familiale. Les sentiments, nous pensons souvent à tord que les Figuiguiens sont trop arriérés pour les comprendre, mais en réalité, ils connaissent parfaitement ces choses là, ils les occultent sciemment, car ce qui compte, est le maintien de la famille dans la communauté et sa pérennisation à travers les siècles.
Les Figuiguiens pratiquent les mariages de raison depuis la nuit des temps, et les plus marquants, sont les mariages consanguins. Ces alliances ne sont pas prohibées par l’Islam, et beaucoup de Familles aisées s’adonnent à ces pratiques qui garantissent la sauvegarde du patrimoine, la sauvegarde du nom, et à quelque égard l'envie de sauvegarder le même sang, au mépris de toute conséquence que cela peut impliquer pour la descendance. Les mariages consanguins confèrent à leurs adeptes une assurance matérielle, car ces unions sont utilisées comme un rempart contre toute invasion qui risquerait de décimer le patrimoine familial et qui pourrait mettre en péril le clan.
Le mariage est un acte sacré pour les Figuiguiens, il est parfois programmé très longtemps à l’avance, etpour certains, le destin est scellé dès le jeune âge.
Dans les mariages consanguins les futurs époux grandissent ensemble, tout en sachant qu’ils se marieront et finiront leur vies ensemble. Il est assez rare, que ces mariages arrangés n’aboutissent pas, et quand bien même, si l’un des promis tergiverse pour cette union, parce qu’en grandissant, il prend conscience de ses désirs, et de ses envies, il finit tout de même par capituler car, l’intérêt de la famille prime sur son propre intérêt, c'est un devoir auquel il faut s'acquitter, pour ne pas déshonorer la famille, ne pas la désavouer dans la communauté.
Le mariage est un moyen qui permet de propulser la jeune figuiguienne du statut de jeune fille quelconque, au statut de "femme de" - "épouse de", car avant son mariage, celle-ci ne jouit d'aucune place prépondérante. Elle vit souvent au milieu d'une fraterie, destinée aux tâches managères, elle est toujours mise à un rang inférieur au garçon. En se mariant, elle retrouve une place de choix, elle gagne une certaine existentialité dans la communauté, et par la même une reconnaissance sociale.
Pour se marier à Figuig, toute jeune fille doit avoir quelques arguments qui lui faciliteront l'accès à ce fameux sésame :
1) être bien née, issue d'une famille aisée, même si l'on est tout juste passable ;
2) avoir des atouts physiques qui ne laissent pas de marbre ;
3) avoir une bonne presse, des gens qui plaident votre faveure ;
4) avoir une chance insolente.
Le mariage à Figuig demeure une institution, il décide de l'existance des femmes, et celles qui n'ont pas pu y accéder, deviennent peu à peu transparentes, quasi- inexistantes, et n'ont pas le droit de citer.
Pour les hommes, les problèmes ne se posent pas dans ces termes, ils ont rarement des difficultés pour accéder au mariage, et la seule difficulté qu'ils peuvent rencontrer est d'ordre financière.
